STOP A LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES !

Les résultats d'une étude effectuée en France en 2005 montrent qu’une femme sur dix y a déjà été victime de violence conjugale, au sens le plus strict, violence physique ou sexuelle répétée dans le temps. L'alcool, la jalousie, voire une banale dispute sont le plus souvent à l'origine du drame. Les chiffres en Polynésie ne sont pas meilleurs.

Chaque année, elles seraient environ deux millions en France, des milliers en Polynésie, à subir dans le silence, la honte et la peur, les coups et les insultes de leur compagnon de vie.

Quelle est aujourd’hui l’ampleur de la violence conjugale en Polynésie ? Le phénomène reste encore extrêmement difficile à évaluer, même si l’on compte environ 450 procès-verbaux établis par la police chaque année.

Il apparaît toutefois qu’en Polynésie, selon les intervenants à la Conférence « savoir pour tous » organisée en octobre dernier, sur ce thème, à l’Université de Polynésie Française, la violence physique aurait touché une femme adulte sur six et la violence sexuelle une sur dix, avec une ratio de violence qui serait dix fois supérieur à celui de la France.

À Tahiti ou dans les îles, côté montagne ou côté mer, la violence domestique, qu’elle soit physique ou plus particulièrement sexuelle, se rencontre dans tous les groupes ethniques, sociaux et économiques, dans tous les milieux et toutes les tranches d’âges. Elle bénéficie encore trop du silence complice de l’entourage, famille ou voisins, alors qu’il s’agit de comportements rigoureusement sanctionnés par la loi.

Qu’est-ce qu’on entend par violence conjugale ?

Il n’est pas toujours facile de discerner ce qui, au sein du couple, relève de la violence et ce qui appartient au registre de la mésentente ou de la misogynie ?
S’il est indéniable que le fait de contrôler la vie privée de son conjoint ou le rabaisser systématiquement est une forme de harcèlement psychologique, il est peut-être plus difficile de considérer ces « seules » attitudes comme des formes de violences conjugales. En revanche, il est vraissemblable que les actes de violence physique s’accompagnent aussi fréquemment de pressions psychologiques très fortes.

Lors de l’étude effectuée en France, 10% des femmes interrogées ont admis qu’au cours de leur vie actuelle ou passée, il leur était déjà arrivé « plusieurs fois » que leur partenaire les gifle ou les frappe ou qu’il les oblige « plusieurs fois » à avoir des relations sexuelles, alors qu’elles leur avaient dit ne pas le vouloir. Il convient de souligner, là encore, que ce chiffre ne concerne que celles qui ont dit avoir rencontré à plusieurs reprises l’une ou l’autre des ces situations de violence.

La loi pénale punit fermement la violence domestique

La Loi n° 2006-399, sur la « prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs », adoptée le 4 avril 2006, à laquelle nous avons déjà fait allusion plus haut, augmente la répression en classant notamment comme ‘circonstance aggravante’ les violences commises au sein du couple, qu’ils soient concubins, mariés, ou même séparés.
De plus, elle consacre enfin, au niveau législatif, le « viol conjugal » déjà admis par les juges depuis 1992.

Et dans les familles chrétiennes ?

Il ne faut pas se faire d’illusion sur le sort des femmes dans les familles chrétiennes. L’enquête précité révèle aussi (même si ces chiffres sont à prendre en compte avec prudence) que les femmes vicitmes de violence domestique’ sont deux fois plus nombreuses parmi celles qui pratiquent une religion que parmi celles qui n’en pratiquent pas (5,2% contre 2% ; les chiffres étant à multiplier par trois dans les couples musulmans).
L’expérience que nous pouvons avoir dans l’accompagnement des couples et des familles de nos paroisses nous démontrent que les violences domestiques n’épargnent malheureusement pas les milieux chrétiens.

L’usage de la violence dans les relations de couple ou de famille est anormal et immoral. Cette violence ne saurait trouver aucun justificatif dans la Parole de Dieu. Toute forme d’interprétation permissive de la Bible, dans ce domaine, serait erronée et même gravement fautive.

Quelle thérapie pour guérir cette conjugopathie ?

La violence est le symptôme d’une maladie du dialogue entre les conjoints. Tout en condamnant clairement les actes de violence conjugale, il faut admettre que la répression ne suffit pas. Il faut instaurer –comme l’appelait de ses vœux un des intervenants au Colloque sur le Droit de la Famille d’octobre dernier– une thérapie réparatrice du tissu familial blessé. Le rôle de tout accompagnement pastoral des couples et des familles doit tendre notamment à l’instauration ou à la restauration de ce dialogue.

On ne peut finalement que souscrire au souhait exprimé, à cette occasion, par la député Béatrice Vernaudon que la Polynésie, encore défigurée par la maltraitance, devienne un modèle de société bien-traitante. C’est un appel lancé à tous ceux qui agissent au service des familles pour qu’ils collaborent ensemble à la réalisation de cet objectif si conforme à l’Évangile.